Théâtre d’objet - D’après le roman Chamelle de Marc Durin-Valois

Mise en scène: Thierry JOZE

Adaptation et jeu : Marie ABADA-SIMON

Construction décor : Esteban VALVERDE et Guillaume MORETTO

Couture : Margaux SANGLIER

Composition et création musicale : Marjolaine OTT

Création robe : Julie VANDER HEYM

Lumière : Luc DEGASSART

Le spectacle :

Un tissu. Des dunes. Sur une table, un tas de sable. Autour de la table, quelques toutes petites maisons éclairées de bougies, posées sur des promontoires. Nous sommes en Afrique, dans le désert.

Shasha, 50 ans, va nous raconter la tragique et longue traversée de sa famille, quand elle avait 7 ans, à la recherche de l’eau. Du départ du village à l’arrivée dans un camp de réfugiés. Avec des objets du quotidien, Shasha recrée les personnes, les étapes, les rencontres.

En cours de création, Shamelle a bénéficié de résidences : au Théâtre de la Girandole et au Théâtre des Roches, à Montreuil, au Landy Sauvage à la Plaine Saint Denis
et de nombreux jours dans l’espace de la compagnie Les Rémouleurs à Aubervilliers. Une présentation de 20 minutes s’est déroulée au Kabaret POP de la NEF - Manufacture d’utopie le 4 novembre 2018. 9 juin 2019 à 17h00, 1ère à La Forge, par la Vallée des Utopies, Nesles la Vallée (95) 1er juillet à 20h30 Théâtre de la Girandole, Montreuil (93)

Pour télécharger le dossier du spectacle

www.girandole.fr
lesroches.montreuil.free.fr
www.lesremouleurs.com
www.la-nef.org

Note d’intention :

Ce roman m’a bouleversée. Une gifle, de réalisme, la survie à l’état pur. La recherche de l’eau, le manque de nourriture, mais avec la guerre en plus, une chaleur « d’enfer », l’existence de dieu, avoir une fille dans ces contrées, l’instruction ou son manque, la migration...au sein du même continent.

Tant de sujets de réflexion, une existence qui semble à des années lumière de la nôtre, quelle qu’elle soit, en occident.
Tant de choses à connaître, à identifier, qui viennent secouer férocement nos certitudes, nos petites misères. Il me fallait le travailler, le faire connaître, absolument. Et en premier lieu aux adolescents, pour discuter, relativiser, s’interroger, comprendre ou au moins essayer. A ces âges à la fois de certitudes absolues, de déroutes, d’emballements, de violentes retombées, ces âges du possible, de la souffrance, du mal-être pour certains, Tout est dans Chamelle, tout ce qui m’importe, me questionne, me bouleverse.

Jusqu’à la certitude d’un savoir qui serait apportée par l’instruction, la connaissance, qui là se révèle non seulement trompeuse mais dramatique. Une immense leçon d’humanité parce que, non, on ne peut pas détester ce père qui a pourtant voulu enterrer sa fille à la naissance. Qui a battu sa femme une journée entière mais qui parle d’elle et la regarde avec amour et respect.

Nous sommes dans une géographie territoriale et humaine hors de notre portée, presque de notre pensée. Comment le comprendre quand il suffit d’ouvrir un robinet pour boire à l’infini ? Quand la moindre poubelle regorge de nourriture ? Quand la peur peut être réelle mais très diffuse, la plupart du temps assez loin de nous, malgré tout.

J’ai choisi d’adopter, non plus le point de vue du père mais celui de sa petite fille, Shasha, ce qui me permettait une plus grande liberté, une distance quant au récit. Et puis je tenais absolument à être la porteuse de cette parole, de ce texte magnifique.


Forme : le théâtre d’objet


Je souhaite présenter ce texte dans la tradition du théâtre d’objet, soit « à la table ». Minimaliste, intime, ce dispositif scénique et son choix théâtral permettent au spectateur d’être actif, réceptif, engagé dans le processus de création puisqu’il lui est demandé un véritable travail d’imagination.
N’imposant pas d’images puisées dans la réalité, la force et la puissance du texte sont décuplées. Comme à la lecture d’un livre.
Le spectateur sait tout cela, tout ce qui est dit dans « Chamelle », m a i s contrairement aux images télévisées, aux documentaires, à tout ce qui est projeté par les médias, là, je ne lui donnerai pas à voir, mais à entendre, à ressentir, à créer lui-même les images de cette histoire. A puiser dans les images de sa mémoire.
Parce que c’est le récit de la traversée tragique d’une famille, le ressenti, l’identification est possible et l’émotion active . Mais la distance, le décalage induit par le théâtre d’objet en réduit la violence visuelle à laquelle nous finissons par être habitués.

Marie Abada-Simon

Le metteur en scène:

Après une formation en art dramatique au Théâtre Ecole de Montreuil et à Théâtre en Acte, Thierry Jozé participe à de nombreuses créations théâtrales en tant que comédien.

Sous la direction d’Olivier Py, Fadel Jaibi, Laurent Rey, Christophe Patty...
Il commence la mise en scène avec L’hygiène de l’assassin d’A. Nothom. Puis, Hier d’A. Kristof, Les sept jours de Simon Labrosse de C. Fréchette (Marie Abada-Simon dans le rôle de Nathalie), Chez les Titch de L. Calaferte (M.A-S dans le rôle de la mère), La petite marchande de prose de D. Pennac (M.A-S dans 18 rôles), Le Contre- Passage, installation théâtrale en rue, La demande en mariage de Tchekhov, DesDalles DesLivres, installation théâtrale pour halls d’immeubles.
Il réalise son premier court-métrage AMINA, Prix à la qualité du CNC, sélectionné et primé dans de nombreux festivals.

Suite à sa rencontre avec le roman Chamelle de M. Durin- Valois et son besoin de l’adapter pour le monter en théâtre d’objet, Marie Abada-Simon suit une formation dirigée par Christian Carrignon et Katy Deville du Théâtre de cuisine, à la NEF-manufacture d’utopie-, elle y apprend les bases de cette forme singulière, et affirme ce choix.

Thierry Jozé et Marie Abada-Simon se sont rencontrés en 1989 au Théâtre Ecole de Montreuil. Après avoir joué ensemble (Iconoclaste d’après K. Valentin, m.e.s. S. Krakowski, Plaisirs conjugaux d’après Molière, m.e.s. L. Rey, Lucrèce Borgia de V. Hugo, m.e.s O. Costa..), ils créent en 2003 Le Contre-Pas, compagnie avec laquelle ils montent des lectures-spectacles, autonomes, adaptables à tout espace (bibliothèque, collège, maison de retraite, école...) dans une approche et une durée aisément accessibles et ludiques, en alternant mise en scène et jeu. Ils se retrouvent avec Shamelle pour une aventure duelle, exigeante.